Quand votre guerre a-t-elle pris fin ?

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Parfois je me demande si c’est vrai, si nous sommes vraiment partis, si tout y est resté là-bas: le candélabre sur le lustre du buffet archaïque, la table boiteuse, notre majestueuse forêt d’eucalyptus qui alimentait la cheminée.

Je regarde, à travers la dentelle, une rue inconnue, le sol humide, les gens qui se précipitent, personne ne me connaît et je ne connais personne. Je veux sortir, à l’aveugle je cherche les sandales, elles ne sont pas là. Le miroir me renvoie une image blafarde de tresses défaites et de regard inquiet.
J’essaie de téléphoner mon frère qui est resté au Chili. Je ne me souviens plus de son numéro.

Soudain j’ouvre la porte, un silence sépulcral de klaxons endormis et des chats errants m’accueillent. Je marche, je cherche, quelqu’un me demande une adresse. Je lui réponds dans sa langue qui n’est pas la mienne. Un avion traverse les nuages en laissant des sillages et la peur d’autre fois monte dans mon dos.

Je distingue au loin ma voiture dans le parking gelé, mais il fait chaud à l’intérieur. Il y a quelque chose que je ne comprends pas, la tête me tourne à force de me poser tant des questions. Je sais que je pleure parce que la vitre devient opaque.
Je conduis une voiture, j’ai appris quand, pourquoi?
J’y vais lentement dans les virages, cherchant où m’écraser.

Ce n’est pas mon pays, c’est évident, pas mon soleil, ni mes amis, je ne suis pas moi non plus. J’arrête. Le vent siffle parmi les gens, tout le monde a froid.
Ils ne savent pas ce qui m’arrive et comment vont-ils le savoir?

Ils nous ont prêté leur culture, leurs illusions. Dépourvus, nous sommes allés, si possible sans regarder en arrière, jusqu’à nous déverser dans la même croisée des chemins. Des ombres voulant se rencontrer encore une fois, s’exprimer, s’embraser, se reconnaitre.
Je suis née dans la phase finale des films muets (mon idole : Chaplin), à l’ère de la radio, des journaux, des magazines et des téléphones filaires, noirs, épinglés au mur avec un énorme écouteur. Quand j’étais petit, je ne pouvais même pas l’atteindre. Avant d’acquérir une de ces merveilles, nous allions au dépanneur du coin pour appeler quelqu’un.
Il ne nous aurait pas traversé l’esprit qu’un jour nous marcherions branchés, parlant à des gens même d’une autre région, d’un autre pays. Voir nos artistes préférés, et les guerres, en direct.

Oui, il y a eu un avant et un après dans mon existence.
Dans les cent pages de mon livre Quand votre guerre a-t-elle pris fin?, je confesse que j’ai vécu, comme il dit le poète chilien Pablo Neruda.
Mon « après » est divisé en trois parties : LA FUITE, L’EXIL, RÉSILIENCE, ici au Québec, dans la terre d’accueil.

UGS : BK101370 Catégorie :

Le prénom est grec, le nom de famille est autrichien, mais elle est une Québécoise d'origine chilienne. Comédienne, professeure d'allemand, d'espagnol et d'expression dramatique, elle obtient une maîtrise en éducation à l’Université de Montréal. Elle fuit son pays après le coup d'état du 11 septembre 1973, devant ainsi reporter son écriture.
À Montréal elle s'implique dans des ensembles folkloriques en solidarité avec le Chili et d'autres peuples victimes d'oppression en Amérique latine.

Elle est auteure du recueil de poésie en espagnol ¿Adónde vas madre? , publié par les Éditions Alondras, à Montréal, en 2007, et du livre Quand votre guerre a-t-elle pris fin ? publié par les Éditions Bouquinbec à Montréal en 2020.

Ses poèmes et proses se trouvent dans plusieurs anthologies et dans les livres :
- Portrait de famille de 50 ans de Laval, 2015
- Je vous écris de mon quartier, création collective, Laval, 2015
- Relatos entrecruzados, Editorial Mapalé, Ottawa, 2020
Elle a été publiée dans les revues littéraires:
- Brèves, Société littéraire de Laval
- Le Passeur, Fédération québécoise du loisir littéraire
- EntreVous, Société littéraire de Laval
- The Apostles Review, Montréal
- Alamedas, PROTACH, Montréal
- Caminando, CDHAL, Montréal
- Gaceta Literaria, Argentine
- Bel Âge, Montréal
- DICOEX, Ministère de Relations Extérieures du Chili

Elle fait partie de l’UNEQ, l’UDA, l'Assemblement Laval, R.A.P.P.E.L. Parole-Création, LatinArte, SLAM Laurentides.
Aspasia a participé à la 14e Rencontre International des Femmes Poètes dans le Pays de Nuages, Oaxaca, Mexique. Au 26e Festival International de la Poésie, Trois Rivières. Au troisième festival Palabra en el Mundo, Montréal.
Au Festival de Théâtre des Amériques elle fait la lecture dramatique d’une des personnages de la pièce Albertine en 5 temps, de Michel Tremblay, à Montréal.

Elle a été comédienne dans le film québécois La conciergerie et dans le film Hasards et coïncidences de Claude Lelouch, à Montréal.
Comédienne également dans les téléromans québécois : L’or et le papier, Fortier, Tabou, Steinberg, Le Pollock et dans le groupe de théâtre La Barraca, dirigé par Jaime Silva, Rodrigo Gonzalez, Nelson Villagra, Isidora Aguirre, Ana Gloria Blanch, à Montréal.

Elle participe à l’événement Neruda-Miron, récital de poésie bilingue français/espagnol avec l'écrivaine Julie Stanton, à Montréal.
Elle participe au spectacle Filiations et au spectacle Migrations, récitals de poésie bilingue français/espagnol avec la poète Nancy Lange, à Montréal, à Laval et au Chili.
Elle participe au Festival LatinArte, Noche Bohemia, Maison des Écrivains, UNEQ, à Montréal. Et fait la lecture dramatique d’un poème avec le groupe de musique Acalanto et le comédien Pierre Falardeau, à Montréal.

Informations complémentaires

Poids ND
Dimensions ND
ISBN

9782981944702

Auteur, Autrice

Aspasia Worlitzky

Nombre de pages

98

Date de publication

2020-12

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